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Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/31

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que son fils attribuait à son origine gasconne et dont il avait hérité. Sérieux breton, vivacité gasconne, Renan a trop souvent insisté sur la coexistence en lui de ces deux natures pour qu’il nous soit permis de le contredire sur ce point ; mais, en dépit d’apparences qui ont fait croire à des observateurs superficiels que le gascon l’avait en lui emporté sur le breton, le sérieux a eu la première, la plus large part dans ce qu’il a pensé, fait et écrit.

La vie du reste commença par être pour lui plus qu’austère ; elle fut sévère et dure. Son père périt en mer, alors que lui-même était encore enfant, et ce ne fut qu’à force d’économie et de privations que sa mère put subvenir à l’éducation de ses trois enfants. Ernest Renan, loin de garder rancune à la destinée de ces années misérables, lui resta reconnaissant de lui avoir fait connaître et aimer la pauvreté. Il eut toute sa vie l’amour des pauvres, des humbles, du peuple. Il ne s’éloigna jamais des parents de condition plus que modeste qu’il avait conservés en Bretagne. Dans les dernières années de sa vie, il aimait à les aller revoir, comme il avait tenu à conserver intacte la petite maison où s’était écoulée son enfance.