Page:Monod - Renan, Taine, Michelet, 1894.djvu/39

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pu aussi s’étonner de l’admiration enthousiaste de Renan pour l’Allemagne, en qui il voyait la patrie de cet idéalisme scientifique dont il se faisait l’apôtre. Augustin Thierry enfin était inquiet de voir son jeune ami dépenser d’un seul coup tout son capital intellectuel. Il lui persuada de le débiter en détail dans des articles donnés à la Revue des Deux Mondes et au Journal des Débats. C’est ainsi que Renan devint le premier de nos essayistes, et, dans des articles de critique littéraire et philosophique, mit en circulation, sous une forme légère, aisée, accessible à tous, ses idées les plus audacieuses et toutes les découvertes de la philologie comparée et de l’exégèse rationaliste. Ce sont ces essais, où son talent littéraire s’affina et s’assouplit et où le fonds le plus solide de pensées et de connaissances s’unissait à une virtuosité prestigieuse de style, qui ont formé les admirables volumes intitulés :Essais de morale et de critique ; Études d’histoire religieuse ; Nouvelles études d’histoire religieuse. Sa renommée littéraire grandissait rapidement, tandis que ses ouvrages d’érudition le faisaient entrer, dès 1856, à l’Académie des inscriptions, âgé seulement de trente-trois ans.