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Page:Monographie de l'abbaye de Fontenay, seconde fille de Clairvaux.pdf/114

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sainteté qui rendait les monastères aimables, et qui y attirait les cœurs généreux comme le phare guide les pilotes dans les incertitudes de la tempête, est ternie ; les vocations disparaissent ou diminuent tellement que les moines de Fontenay, au lieu de 300 qu’ils étaient aux xiiie et xive siècles sont à peine 50 au xvie siècle, trop peu nombreux pour cultiver leurs terres, ou même pour diriger les bras mercenaires dans leurs travaux.

Les convers lassés de travailler seulement pour leur entretien ou pour des prières après leur mort, abandonnent les fermes auxquelles ils étaient attachés, s’enfuient dans les villes où ils mépriseront les ordonnances royales comme les excommunications papales qui les obligent de payer ce qu’ils doivent, ou à rentrer dans les granges abbatiales ; les mainmortables passent d’une seigneurie à une autre sans prévenir et causent par la un grand préjudice.

Réduits à une telle extrémité, nos religieux sont dans la nécessité, ou de laisser leurs terres incultes comme ils les avaient trouvées au xiie siècle, ou de les amodier pour une modique redevance qui sera quelquefois contestée.

Le respect avec lequel les peuples regardaient autrefois les monastères et leurs biens comme sacrés et inviolables parce qu’ils étaient garantis par l’autorité papale a disparu complètement. Les tenanciers bientôt s’approprieront les champs qu’ils avaient amodiés ou ils ne paieront leurs redevances que quand ils y seront contraints par un jugement comme à Marmagne, à Lucenay et à Poiseul-la-Grange.

Comment l’édifice monacal aurait-il pu résister