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CHAPITRE XXI

État actuel de Fontenay


À quelque distance au nord de Marmagne, l’horizon est borné par le défilé des Égrevies avec ses roches sauvages, agrestes, éraillées. Cet aspect sévère, triste, semble annoncer l’entrée d’un désert où la curiosité n’aura rien à admirer. Cependant le touriste fera bien de ne pas céder à cette impression un peu défavorable et de continuer sa course. Non loin de ces roches la perspective change entièrement, trois grandes aiguilles de Cléopâtre lancent de temps en temps leurs longs sillages de fumée et annoncent que l’industrie a succédé au calme, au silence d’autrefois. Là commence une des plus belles vallées de nos pays, elle est toute vivante de papeteries, du va-et-vient des ouvriers, des voitures nécessaires à leur exploitation, du ruisseau dont les eaux fournissent l’âme aux fabriques, dont les gracieuses sinuosités semblent tracer les ondulations parallèles des collines qui la terminent. Ces collines sont couronnées de forêts où les différentes essences de bois sont mêlées les unes aux autres pour marier le reflet de leur feuillage et offrir pendant l’été l’objectif le plus charmant. Ses sentiers ombragés sont plus civilisés que du temps de saint Bernard ; semblables aux asphaltes des villes, ils adoucissent la