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CHARLES MONSELET

mille exemplaires — Et combien le payeras-tu, éditeur ? — Cinq francs la page de deux colonnes. — Polisson ! cuistre ! vandale ! crétin d’éditeur !… — Je vous en prie ! — Pour qui me prends-tu, éditeur ? — Je vous commanderai deux romans au lieu d’un, deux à la fois. — Tu ne t’exprimes pas mal, éditeur ! — Ainsi, consentez ! — Écoute, éditeur, tu m’as ému ; je prends pitié de ton infortune ; je te ferai ton feuilleton livrable dans huit jours, pour vingt-cinq francs ; c’est mon dernier prix ; je n’en fais pas à moins ; laisse-moi tranquille et va le coucher… coucher, éditeur ! »

L’éditeur soupire et consent. Je prends jour pour lundi, afin de lui communiquer le plan de l’ouvrage. L’éditeur s’en va ! J’ai vu un éditeur !!!

Revers de la médaille. La Presse me renvoie Berdriquet, sous prétexte de manque d’intérêt. Ô Berdriquet, enfant chéri de mon cœur, tendre objet de mes sympathies, ours de mes affections premières, ne te désespère point pour cela. La postérité sera ton refuge. Manque d’intérêt, disent-ils… ils en sont des autres !

Je fais ma Revue pour l’Artiste, et je la porte à l’imprimerie. J’achète aussi un savon rose.


Samedi. — Je n’ai fait encore que les première scènes de ma comédie.


Dimanche. — Je sors du Louvre. C’est la chose la plus éblouissante de Paris. Mon admiration est immense. Promenade solitaire dans l’île Saint-Louis, une ville de province, au milieu de Paris. Été voir les Chants populaires de la France, au Vaudeville.


Lundi. — Rossini marié vient de paraître. Anténor Joly m’accable de lettres pour m’encourager à travailler à Monsieur de Cupidon.

G*** vient de me réveiller pour me dire combien Marco de Saint-Hilaire est un grand écrivain.