Mars 1847. — Ohimé ! Pataquès et Gargantua ! Qu’est-ce qui a dit qu’il y avait autrefois un Monselet coulé, déchu, miné, prêt à ne pas se noyer dans la Seine et à mourir de faim. Disparu ! Évaporé ! Plus de joyeux bohème ! De L’or, du roastbeef, du Champagne ! Qui veut de l’or, voilà !…
Après cet exorde ex abrupto, reprenons les choses méthodiquement et avec sang-froid, si faire se peut. Le lendemain de ton départ, l’Époque ne payant point, Joël se décida à parler pour moi à Lengrais — le cafetier — et sans lui toucher un mot de ma situation critique (de critique), il lui dit que je consentais à lui faire l’honneur de prendre ma pension chez lui — déjeuner et dîner — payable par mois. Lengrais accepta avec un enthousiasme facile à décrire et le jour même je m’incrustai dans son intérieur, buvant comme une outre et absorbant comme un dromadaire — mâle — qui entreprend un voyage à travers le Sahara de la littérature.
Voilà tout le mystère.
Mais le lendemain, ô bonheur ! l’Époque tombe — et tombant elle m’octroie — à prix réduit — le payement de Paris Masqué et du Poulet, 130 fr.40 ! Ah ! palsambleu ! Ah ! corbacque !
Le journal le Dimanche a reproduit Paris Masqué. Alors il a eu Berdriquet pour sa récompense. L’odyssée de Berdriquet va recommencer. Léo Lespès m’a reçu avec une certaine affabilité, et, s’il paye bien, je pourrai avoir de l’ouvrage dans sa boutique. Rendez-vous est pris avec lui pour samedi prochain.
J’ai commencé ma nouvelle pour la Presse. Anténor Joly est venu chez moi, et en attendant que j’aie de l’argent devant moi pour faire le roman que tu sais, il s’est mis en course pour me trouver un éditeur qui me fasse écrire un petit volume à un franc, comme c’est la mode.
L’Artiste est toujours le journal que tu sais. À la fin de ce mois je lui demanderai de l’or, de façon qu’il m’en donne vers le 15 avril.
Je vois Vergniaud et Solié, afin de suivre leur fortune, mais