Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
100
CHARLES MONSELET

matin, un commis du Journal du Dimanche me réveille pour m’apporter vingt francs acompte sur le payement de Berdriquet. — Voilà un épisode digne des plus beaux traits de l’antiquité.


Dimanche. — J’envoie à mon père pour sa fête mon daguerréotype et les deux volumes de l’Hiver à Paris que tu as vus chez moi.


Mardi. — Visite à Anténor Joly, qui va devenir le directeur du feuilleton de la Nouvelle Époque. Il me présente à un éditeur, Gabriel Roux, qui me fait assez bonne mine.


Jeudi 1er juillet. — Je vais chez Girardin : il m’apprend que la Nouvelle Époque est ajournée. Ce coup m’accable. Je l’entretiens de mes deux biographies d’Auriol et de la princesse Belgiojoso, en lui demandant ce que je vais en faire, maintenant qu’elles sont finies. Touché de commisération, Girardin me dit de lui porter l’article d’Auriol et qu’il tâchera de le faire passer dans la Presse d’ici à quelques jours. « La vie littéraire est rude ?… me demande-t-il. — Oh oui ! »

Rentré chez moi, je me barricade et je passe la journée à faire le feuilleton d’Auriol.


Vendredi. — Le matin, je dépense mes derniers six sous en omnibus pour porter mon article à M. de Girardin. Je n’ai plus le sou. Je hasarde un pied furtif chez Lengrais, à qui je promets toujours de l’argent pour demain… Le frère d’Arsène Houssaye vient m’avertir que le comité de lecture du Théâtre-Français a écrit à Houssaye qu’il était prêt à ouïr Madame de Pompadour. Surprise de ma part. Je fais répondre à Arsène Houssaye que je serai en mesure pour le 15. Puis je continue avec impudeur à pâturer chez Lengrais…


Samedi. —.levais demander à l’Artiste un peu d’argent pour m’en aller faire villégiature à Versailles pendant deux ou trois jours. Le tout sous prétexte de finir Madame de Pompadour. Quoique soupçonneux, Arsène m’octroie quinze francs,