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Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/199

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XI

« Lors de l’hiver de 1857-1858, un de mes amis, M. Saint-Léon, me proposa de fonder un journal gastronomique[1]. J’y songeais depuis longtemps ; l’époque me semblait favorable ; j’acquiesçai à la proposition de mon ami.

« En conséquence, le dimanche 21 février 1858 vit naître le premier numéro du Gourmet, — journal des intérêts gastronomiques, — paraissant tous les huit jours. Il contenait une liste de rédacteurs gras : Albéric Second, Guichardet, Amédée Rolland, Gustave Bourdin, — et d’autres simplement dodus. On y donnait une mosaïque de menus les plus variés, des recettes très détaillées. Les faits divers avaient pour titres ; L’eau à la bouche, Les coudes sur la table, Derrière les fagots. Le compte rendu des théâtres, au point de rue digestif, était rédigé par Louis Goudall… »


Cette nouvelle et brusque transformation de Charles Monselet est faite pour surprendre : — on ne rencontre pas tous les jours un poète qui pique une tête dans une poissonnière !


L’explication qui me semble ici nécessaire — nous irons la cueillir dans la préface de Gastronomie, le volume le plus important que l’écrivain ait accordé aux questions de la table :

« À Madame X***,

» Un m’a trahi auprès de vous, madame. Vous m’aviez pris jusqu’à présent pour un homme de lettres comme les autres,

  1. Charles Monselet, Gastronomie. Paris. 1874, Charpentier.