Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/236

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XIII

Il est un Monselet dont nous n’avons pas encore dit le moindre mot : c’est le Monselet qui s’est avisé de chausser les souliers de Sterne pour aller de Montmartre à Séville, et rayonner en tous sens, en Italie, en Suisse, en Allemagne, en Belgique, en Hollande, en Angleterre, en Espagne et aussi par toute la France, de Paris à Paris : — c’est ce voyageur, sinon en pantoufles, du moins en souliers à boucles d’argenl ; — tel M. de Cupidon en vacances.

Et ce serait dommage de passer sous silence ce côté heureux de l’écrivain, car c’est dans ses voyages que perce surtout sa bonne humeur, que son esprit se donne libre cours.

Monselet, voyageant, ne fait qu’appliquer après tout la théorie développée par lui dans sa préface sur Stendhal :

« Un homme de lettres doit toujours être préoccupé du désir de renouveler ses idées et son vocabulaire. Pour cela il faut qu’il change souvent d’air et de milieu, il faut qu’il voie la province, l’étranger, qu’il change ses habitudes, qu’il contrarie ses instincts, qu’il soit quelquefois brutal envers lui-même, téméraire, et qu’il ne fuie pas l’imprévu… »

Ainsi faisait Balzac, ainsi Alexandre Dumas, Alfred de Musset, Théophile Gautier, etc.

Ne vous attendez pas, par exemple, à des descriptions :

« On m’a parfois reproché de manquer de paysage, — écrit-il à ce sujet, et d’être, à de certains égards, une nature trop exclusivement citadine. J’avoue que, malgré moi, la civilisa-