CHARLES MONSELET
s’il allait en Allemagne, il s’attendait encore à y rencontrer Voltaire.
Chaque coup de pioche donné aux vieux quartiers reteatissait dans son cœur, — aussi s’était-il empressé, dès son arrivée, de visiter et de décrire le Paris ancien, sentant la fin prochaine de cette ville que le progrès allait transformer. Son esprit se reportanl sans cesse eu arrière, il me montrait, dans nos promenades, du bout de sa canne, soit la demeure de .Ninon de Lenclos, sur le boulevard du Temple, soit l’ancien hôtel de Sophie Arnould, sur le quai de Billy, soit l’ancienne résidence de Grimod de La Reynière, au coin de l’avenue Gabriel, avec la conviction d’avoir été un des hôtes de ces illustres demeures.
Mais Charles Monselet n’avait pas été sans pressentir, avec nos mœurs actuelles, la fin terrible de l’homme de lettres travaillant au jour le jour ; depuis longtemps il visait à un poste de bibliothécaire et fit des démarches officielles dans ce sens. Ainsi il brigua la succession de Louis Bouilhet, à Rouen, à la mort de celui-ci, et s’était adressé à Gustave Flaubert, qui lui fit cette réponse :
20 juillet 1869.
Ce que je redoutais arrive, mon cher ami : <>n vient de nommer à la place de mon pauvre Bouilhet un ancien libraire âgé de cinquante-huit ans, un idiot que je soupçonne (entre nous) d’être un drôle.
Cette nomination, non encore officielle, mais certaine, est due à l’influence de l’archevêque.
Notre ami était à peine enterré qu’il avaif une promesse formelle.
Je -m-presque aussi contrarié que vous, et peut-être plus.
Je vous serre les mains très fort.
Gustave Flaubert. Croisset, près Rouen. Jeudi. Monsieur Charles Monselet, Chaussée Clignancourt, 64.
Monselet sollicita encore du gouvernement une place à la bibliothèque Mazarine, puis dans n’importe quelle