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Page:Monselet - Charles Monselet, sa vie, son œuvre, 1892.djvu/38

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CHARLES MONSELET


comme une communion d’esprit — de deux esprits attachés au même sol ?

Plus tard, il réhabilite — ou tente à réhabiliter Fréron, l’illustre critique, l’ennemi de Voltaire — Fréron, un Breton de Quimper !

Cette fois, ce n’est plus la valeur d’une préface qu’il accorde à son sujet, mais un volume entier, étude des plus sincères.

« … Quimper a le droit de se montrer fière de Fréron, affirmet-il encore ailleurs[1]. C’est de Quimper qu’il est parti pour cette longue et implacable croisade contre les philosophes, qui a duré plus de trente années. Il ne fallait pas moins qu’un Breton pour cette lutte prodigieuse avec Voltaire, lutte qui eut toute l’Europe pour spectatrice et où l’avantage et l’honneur ne furent pas toujours du côté du géant de Ferney. »


Mais Fréron n’est pas le seul antagoniste de Voltaire dans cette Bretagne religieuse du siècle dernier.

« … Il se trouva un homme du xviiie siècle, habitant d’un humble bourg breton, qui eut l’adresse de mystifier Voltaire. C’était un poète d’un ordre secondaire, nommé Maillard Desforges. Il est à remarquer — ajoute Charles Monselet — que ce sont deux Bretons, Fréron, de Quimper, et Desforges, du Croisic, qui ont porté à Voltaire les coups les plus sensibles. »


Lorsque enfin il s’agit d’élever une statue à Lamennais, Charles Monselet prend encore la plume et trace les lignes suivantes :

« … C’est une idée qui fait honneur à la Bretagne libérale. Lamennais est un des plus grands écrivains du xixe siècle — et de tous les siècles. Il fut l’apôtre de la pensée libre et l’un des plus ardents défenseurs des droits des peuples. Il combattit,

  1. De Montmartre à Séville. Paris, 1865.