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CHARLES MONSELET

Ils attestent, mieux que toute autre chose, l’unique préoccupation d’esprit d’un enfant d’humeur douce et agréable, tout entier à la poésie, et dont l’amour filial ne se démentit pas un seul instant de sa vie.

D’autres vers, adressés à M. l’abbé C***, débutent ainsi :


Oh ! n’est-ce pas, Monsieur, que l’homme peut chanter !
Et que la Poésie, ange aux ailes de flamme,
Qui, là-haut, dans le Ciel, est allé s’abriter,
Peut encore parfois descendre au fond d’une âme ?
Oh ! n’est-ce pas, Monsieur, que l’homme peut chanter ?


Après le Mémorial bordelais, deux autres journaux, la Sylphide et le Courrier de Bordeaux insérèrent de nouvelles poésies ; — l’une d’elles, retraçant la prise de Mazagran, est d’un joli mouvement ; j’en citerai le début :


Ce n’était pas assez pour notre belle France
D’avoir fait tout courber sous la seule puissance
         De son sceptre d’airain,
Et d’avoir découpé sur cette vaste terre,
         Avec son large cimeterre,
         La part de chaque souverain.

Ce n’était pas assez, ô belle vagabonde,
D’avoir vu promener tes soldats par le monde,
Comme un essaim d’oiseaux dans un grand champ de blés,
Comme les alcyons sur la mer orageuse,
Comme un ardent coursier d’allure impétueuse
         Auquel son maître a dit : — Allez !

Eh ! qu’importe ? Après Vienne, et Berlin et le Caire,
Ce qu’il te faut encor, c’est Alger le corsaire,
Sa Casauba, son port, ses remparts à créneaux ;
Ce qu’il te faut encore, ô France ! ô France avide !
C’est Oran, Mascara, c’est Cirtha, la Numide,
C’est l’Arabie avec ses déserts, ses coteaux !…