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CURIOSITÉS LITTÉRAIRES

DELILLE FOUETTÉ PAR GHENIER

Bien avant Victor Hugo, Delille avait fait un poème sur la Pitié. Mais il n’y a rien de suprême dans le poème de Jacques Delille ; il n’y a qu’un pamphlet contre la Révolution, et une adulation constante de l’étranger.

Ô vous que le destin fit les maîtres du monde,
Princes, rois, c’est sur vous que notre espoir se fonde.

Jacques Delille avait émigré dès les premiers coups de tonnerre, et son poème de la Pitié n’est qu’un acte de reconnaissance en quatre chants envers ses hôtes d’Angleterre.

Poursuis, fière Albion, fais bénir ta puissance !
Tous les honneurs unis forment ta gloire immense :
Le monde tributaire entretient ton trésor ;
Le Nord nourrit tes mâts, l’Inde mûrit ton or ;
La France avec ses vins te verse l’allégresse ;
Tes lois sont la raison, tes mœurs sont la sagesse,
Tes femmes la beauté, leurs discours la candeur,
Leur maintien la décence, et leur teint la pudeur.

On voit qu’il ne reste plus rien pour nous. Mais, où l’auteur de la Pitié entasse les périphrases les plus enthousiastes, c’est à propos