La correspondance du chevalier de Boufflers avec Mme de Sabran m’a remis en mémoire ce badinage légèrement impie intitulé : Lettre en monosyllabes, qui ne se trouve que dans certaines de ses œuvres, entre le Cœur et Ma Bergère.
En voici le début :
Mon cher duc, qui de nous a la foi ? Qui de nous croit au vrai Dieu, à son fils, à un tiers, à un Dieu qui est un et qui en est trois ? Que ce Dieu est bon ! Il a fait le ciel pour nous tous ; y va qui veut, mais peu y vont, car c’est un peu haut. Il a fait un grand feu en bas pour ceux qui ne vont pas en haut ; et il faut que bien des gens aient bien froid, car ils y vont à qui mieux mieux ; c’est tant pis, etc., etc.
La Lettre en monosyllabes n’a pas empêché Boufflers de devenir un homme sérieux lorsqu’il a fallu l’être, d’entrer à l’Institut, d’écrire un Traité du libre arbitre et de traduire l’Hippolyte de Sénèque.
Une tragédie, Aline, qu’en dis-tu ?