Or, prends ce double-six, c’est le double funèbre,
Et, lorsque du trépas j’aurai franchi le seuil,
Tu le déposeras au fond de mon cercueil.
Au revoir, cher ami ; que le ciel te seconde !
Et souviens-toi surtout que si, dans l’autre monde.
Dieu nous permet encor ce jeu fort innocent.
Je te rendrai toujours quatre-vingts points sur cent.
C’est la perle du poème.
Après cela, Bénédit rappelle quelques coups exceptionnels et comment une fois il perdit soixante-huit points :
Après avoir perdu dans la partie à quatre.
Avec mon partenaire il fallut me débattre.
Il pose le double-as, je boude. Il met un trois,
Je boude derechef. Alors, prenant, je crois,
Un blanc, dont il avait un nombre confortable,
Il le place aussitôt au milieu de la table.
ô malheur ! point de blanc, point de trois et point d’as.
Surpris et dépité, je poussais un hélas !
À fendre le plafond, lorsque mon adversaire,
Doucement animé d’un sentiment contraire,
Ferme net, et, coupant mon jeu sur tous les points,
Je reste avec sept dés et soixante-huit points !
Le Domino de G. Bénédit est devenu rare.