Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/147

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tueuses et sincères condoléances au futur éconduit, et il lui exprimait hautement une estime sur laquelle je suis heureux de m’appuyer : « Je te suis attaché, non pas parce que je te dois de la reconnaissance, mais parce que ton caractère, ton cœur et la supériorité de tes talents t’ont concilié à jamais mon estime et mon amitié !… Adieu, mon cher Fréron ; le torrent peut nous rapprocher… »

Le torrent éleva l’un et engloutit l’autre. L’existence politique de Fréron était finie. Après avoir essayé vainement de ressaisir un peu de cette popularité dont il avait tant joui, il retomba dans l’obscurité. Ajoutons : dans la pauvreté ; cela est tout à son honneur. Il n’obtint du souvenir de Bonaparte qu’une place infime dans l’administration des hospices, tout juste ce qu’il faut pour ne pas mourir de faim. Il s’en contenta pendant quelque temps ; puis, sur ses demandes plus énergiques, il fut désigné pour une des sous-préfectures de Saint-Domingue.

En 1802, un vaisseau appelé l’Océan sortait de la rade de Brest ; il portait à son