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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/18

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à la lutte. Il se fit un style court comme une épée de combat. On le craignit du premier coup ; on craignit son impartialité, sa franchise, sa dialectique, son érudition ; sa modération même fut tenue pour suspecte, — et c’est pourtant cette modération qui est le caractère dominant de son œuvre. Il fut fort parce qu’il fut contenu. Aussi, quand on le relit aujourd’hui, ne comprend-on vraiment rien aux malédictions dont son époque l’a chargé. Ses critiques les plus malicieuses, et j’en fournirai bientôt des exemples, revêtent toujours une forme calme et désintéressée. Voilà ce qu’on ne sait pas assez, voilà ce que je cherche à établir. C’est à peine si, dans quatre ou cinq occasions, on le voit perdre la notion du bon goût. Et encore combien son sarcasme est arrêté ; et comme cela parait tiède, anodin, timide, auprès de nos discussions d’à présent, brutales comme des trombes, et qui roulent dans leurs périodes enflammées la personnalité et l’invective !

Il n’avait pas été difficile, le premier jour, de connaître le but et les intentions