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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/39

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Il lit la gazette. — Des murmures sortis à la fois de plusieurs points de la salle semblent indiquer au public que c’est le héros de la comédie. Redoublement d’attention.)

wasp — Que de nouvelles affligeantes ! Des grâces répandues sur plus de vingt personnes ! aucune sur moi ! Cent guinées de gratification à un bas officier, parce qu’il a fait son devoir ; le beau mérite ! Une pension à l’inventeur d’une machine qui ne sert qu’à soulager des ouvriers ! une à un pilote ! Des places à des gens de lettres ; et à moi rien ! Encore, encore, et à moi rien ! (Il jette la gazette et se promene.) Cependant je rends service à l’État, j’écris plus de feuilles que personne, je fais enchérir le papier… et à moi rien ! Je voudrais me venger de tous ceux à qui on croit du mérite. Je gagne déjà quelque chose à dire du mal ; si je puis parvenir à en faire, ma fortune est faite. J’ai loué des sots, j’ai dénigré les talents ; à peine y a-t-il de quoi vivre. Ce n’est pas à médire, c’est à nuire qu’on fait fortune. (Au maître du café.) Bonjour, monsieur Fabrice, bonjour. Toutes les affaires vont bien, hors les miennes ; j’enrage.

fabrice. — Monsieur Wasp, vous vous faites bien des ennemis.