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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/69

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de mon mieux, on me critique, on me condamne, on me hue, on me bafoue, et cependant je ne donne point ma démission. Immolons, vous et moi, nos ressentiments à la patrie, et servons-la de notre mieux, chacun dans notre genre. D’ailleurs, la reine ayant fait grâce, vous pouvez, sans compromettre votre dignité, imiter la clémence de Sa Majesté. »

La Clairon ne trouva rien à répondre à cet élégant persiflage. Elle se contenta d’une révérence grosse de tempêtes ; mais rentrée au tripot (style Voltaire), elle assembla tous ses camarades pour les engager à se retirer comme elle. Il paraît qu’elle en décida quelques-uns, car les cahiers d’alors nous montrent le duc de Richelieu aux abois et M. de Saint–Florentin très-perplexe. Jamais affaire n’emprunta autant de gravité aux yeux de ce dernier ; et, malgré son profond respect pour la reine, il se crut obligé de présenter un rapport au roi et de prendre ses volontés. Heureusement la reine finit par l’emporter, — et Mlle Clairon rentra au théâtre.