n’était si gai que ces soupers. J’ai vu quelqu’un qui a été pendant longtemps un convive assidu de ces orgies, et qui avoue que c’est le temps le plus heureux de sa vie[1]. » Poinsinet y fut en butte à une de ces mystifications qui l’ont autant illustré que ses ouvrages.
Au fait, pourquoi n’égayerais-je pas mon petit livre du récit de cette anecdote ? Elle n’est pas dans le ton de la bonne compagnie, j’en conviens ; mais voyons, nous sommes entre bibliophiles ; la porte est bien close ; copions ces pages de l’Espion Anglais, et prenons-les pour ce qu’elles valent :
« Palissot, qui travaillait alors à l’Année littéraire, se rendit un jour chez Poinsinet, pour l’inviter de la part de Fréron à ses festins, les plus délicieux de Paris. Le petit Poinsinet, enchanté, se rengorge et ne demande pas mieux. Le jour est pris : le matin, Palissot arrive chez lui, l’œil morne, la figure allongée ; il lui annonce que
- ↑ L’Espion Anglais, tome III, p. 112.