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Page:Monselet - Fréron, 1864.djvu/83

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nous voilà liés d’une amitié éternelle ; vous êtes des nôtres. Pardonnez cette plaisanterie à un usage établi parmi nous : il n’est point d’initié qui ne subisse une pareille épreuve. Purifiez-vous les mains et le visage, et allons nous mettre à table[1]. »

Je vous avais prévenu, lecteur.

Une bonne humeur si constante, jointe à un tel luxe, était bien faite pour offusquer les philosophes. Leur ennemi vivait comme eux ! leur ennemi soupait comme eux ! leur ennemi hantait les grands seigneurs comme eux ! Cela les déroutait complètement. À force de chercher, ils trouvèrent dans cet ordre de choses une arme de plus contre lui ; ils l’accusèrent, sans que Fréron trouvât précisément à se défendre, d’un penchant assez décidé pour le vin. Si c’est pour le bon vin, le péché n’est pas sans miséricorde. Les fameuses Anecdotes reviennent sans relâche sur ce point. Chevrier, dans son Colporteur, et Du Laurens, dans ses poëmes, Chevrier et Du

  1. L’Espion Anglais, tome III, pages 125 et suivantes.