Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/275

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— Vous acceptez ?

— Avec transport !

Elle approcha immédiatement une petite table où il y avait de l’encre et du papier.

— Dictez-moi les noms de votre nièce, dit-elle à la marquise.

Le testament nouveau, qui instituait Amélie franc-maçonne après la mort de Mme Baliveau, fut écrit et signé en moins de trois minutes. L’ancien fut jeté au feu, qui le consuma entièrement.

— Voici un bon sur mon notaire, dit la marquise de Pressigny.

— Merci, madame, oh ! merci ! je vous devrai de mourir avec bonheur.

— Mourir ?

— Dans huit jours votre nièce fera partie de la franc-maçonnerie des femmes.

— Ne parlez pas ainsi ! dit la marquise en tressaillant ; vous me feriez croire que j’ai aidé à un crime !…

L’heure de se séparer était venue pour les deux femmes. Mme Baliveau reconduisit respectueusement la marquise de Pressigny jusqu’au bas de l’escalier. En repassant à) côté du petit salon violet dont la porte était légèrement entrouverte, elles purent entendre ces mots échangés entre les paisibles joueurs de piquet :

— Trente-deux de mon piquet, qui est bon.

— Soit, monsieur.

— Et, soixante-treize, toujours du même.

— Permettez, monsieur !

C’était la voix aiguë du contrôleur des contributions qui réclamait. La marquise frémit à ce contraste ; elle hâta ses adieux, et la porte de la maison du Jard se referma sur elle.