Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/337

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— Mais, reprit-il, pourquoi n’y êtes-vous pas resté pendant que vous y étiez ? N’était-ce pas beaucoup plus simple ?

M. Blanchard haussa les épaules.

— C’est cela ! pour qu’on me cherche partout, pour qu’on donne l’alarme, pour que douze ou quinze concierges, femmes de chambre et cuisinières se mettent à mes trousses ! Perdre ainsi tout le fruit de mon travestissement pour n’en garder que le ridicule ! Non, non ! Je suis sorti au crépuscule, comme j’étais entré, par la grande porte, en murmurant même quelques paroles de bonsoir.

— Et maintenant ?

— Maintenant, je vous l’ai dit. La serre doit être pleine, c’est le moment d’aller y coller les yeux. J’allais descendre sur la fameuse branche quand je vous ai aperçu et reconnu ; je n’ai pu résister au désir de causer avec vous. Vous m’avez un peu retardé, c’est vrai, mais je ne vous en veux pas. L’occasion est on ne peut plus propice ; l’assemblée est au grand complet : cinquante-quatre femmes !

— Cinquante-quatre !

— Si cachées qu’elles soient, je les défie bien d’échapper entièrement à mes investigations. Cinquante-quatre femmes, cela s’entend, si cela ne se voit pas. Et si elles se réunissent, c’est pour parler, je suppose. Adieu !

— Vous êtes décidé ? dit Philippe.

— Belle demande !

— Prenez garde !

— Garde à quoi ? à qui ? ’’Je connais les êtres’’, dit M. Blanchard en riant.

— Mais… si l’on vous surprend, par exemple ?

— Eh bien ?

— On peut vous faire arrêter comme malfaiteur.

— Non.

— Cette présomption…

— Est parfaitement justifiée, croyez-m’en. Ce matin, lorsque je m’introduisais par le même stratagème dans un logement particulier… et habité, comme dit la loi, je courais des dangers réels. Mais ce soir, c’est autre chose ; je suis le maître de la situation.