Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/42

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Aujourd’hui que la Teste-de-Buch a reçu sa consécration, un grand nombre de maisons meublées et de restaurants s’y sont élevés ; mais à l’époque où nous écrivons, l’hôtel de M. Huot, si médiocre qu’il fût, était le seul où l’on pût décemment se commettre.

L’Hôtel du Globe et des Étrangers était situé sur la côte, où matin et soir des barques attendaient le bon plaisir des baigneurs. Mais les baigneurs se faisaient rares, et, comme les années précédentes, la saison promettait de s’écouler au milieu de l’indifférence unanime des touristes.

Ce jour-là, cependant, en approchant de l’hôtel, Irénée crut apercevoir sur le visage de M. Huot, campé fièrement au seuil de sa porte, des marque certaines de satisfaction. Lorsque, à son tour, il aperçut Irénée, M. Huot accentua davantage encore son contentement : il se frotta les mains, poussa des bouffées d’air et imprima à ses jambes de joyeuses saccades. Irénée doubla le pas.

— Eh bien ? demanda-t-il à l’hôtelier, quand il fut devant lui.

— Eh bien ! M. de Trémeleu, vous voyez un homme qui peut enfin répondre à la question que vous lui adressez tous les jours.

Vous voyez un homme était la locution favorite du propriétaire de l’Hôtel du Globe et des Étrangers.

— Il vient de vous arriver de nouveaux voyageurs ? interrogea rapidement Irénée.

— Juste.

— Ah !… et combien ?

— Deux seulement, un monsieur et une dame. Ce n’est pas beaucoup, mais les fortes chaleurs vont certainement m’en envoyer d’autres ; d’autant plus…

— Leurs noms ?

— D’autant plus, continua M. Huot, que vous voyez un homme qui, depuis un mois, fait mettre des annonces dans tous les journaux, dans la Guienne, dans le Mémorial bordelais dans la Sylphide de la Garonne.