Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/45

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Et le parquet du salon recommença à gémir méthodiquement sous ses pas. Irénée était allé se jeter dans un fauteuil, en cherchant comment il pourrait amener la conversation sur les deux voyageurs nouvellement arrivés. Il connaissait la perspicacité de M. Blanchard, et il ne voulait pas l’éveiller tout d’abord. Au dixième tour :

— Comment trouvez-vous ces cigares ? demanda M. Blanchard.

— Délicieux ! parfaits !

— S’ils ne se recommandaient pas eux-mêmes, je pourrais vous raconter d’où ils viennent et vous initier aux ruses des forbans qui me les ont vendus ; mais ce sont des histoires que je réserve pour les fumeurs blasés.

Ayant dit, il se remit à marcher. Irénée le suivit des yeux, silencieusement, pendant cinq minutes. Ces cinq minutes écoulées, il se décida à entamer l’entretien ; la commission dont l’avait chargé la comtesse d’Ingrande lui servit d’entré en matière.

— M. Blanchard ! dit-il en changeant de position sur son fauteuil.

— M. de Trémeleu ?

— Loin de moi l’intention d’être indiscret ; mais gageons que je devine ce qui vous préoccupe.

— Ce qui me préoccupe… maintenant ? dit M. Blanchard, qui s’était arrêté tout à coup.

— Oui.

— Ma foi ! je suis curieux de mettre votre science à l’épreuve.

— C’est l’affaire de deux mots, dit le jeune homme en souriant : je sors de chez Mme la comtesse d’Ingrande et de chez Mme la marquise de Pressigny.

— Quoi ! vous les connaissez ?

— Depuis mon enfance.

— Bah !