Page:Monselet - La Franc-maçonnerie des femmes, 1861.djvu/57

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— C’est vrai. Son nom ?

— Philippe Beyle.

— Philippe Beyle… j’ai vu ce nom quelque part… Ah ! n’appartient-il pas à la diplomatie ?

— L’année dernière, il était attaché à une ambassade, je crois, ou à un consulat.

— Monsieur de Trémeleu, j’accepte la proposition que vous venez de me faire. Il importe donc qu’aucun malentendu ne se glisse entre nous : demain, vous m’introduirez chez la marquise de Pressigny, chez la comtesse d’Ingrande…

— Demain, affirma Irénée.

— Et après-demain ou un autre jour, je me mets à votre disposition pour toute rencontre avec M. Philippe Beyle.

— C’est convenu.

— Très bien ; seulement, ces clauses une fois arrêtes, il me reste encore à exprimer un vœu. Oh ! un vœu bien simple et tout naturel. La droiture de votre jugement me permet de croire que vous ne refuserez pas d’y souscrire.

— Voyons, monsieur.

— Bien que je ne doute en aucune façon de la justice de votre cause, il est cependant de ma conscience et de ma responsabilité de vous demander l’historique de vos dissensions avec M. Philippe Beyle. Soyez tranquille, je ne vous ferai aucune déclamation contre le duel. Je remplis une formalité, pas autre chose. J’ignore quelle opinion aura éveillée en vous votre entretien de tout à l’heure ; quelle qu’elle soit, sachez qu’il est certains principes d’humanité, certaines lois morales que je regarde comme inflexibles, et desquels je ne me suis jamais écarté.

Irénée garda le silence pendant quelque temps.

— Vous avez raison, dit-il à la fin ; et, malgré tout ce qu’un tel récit ranimera en moi de souvenirs douloureux, malgré la rougeur qui pourra me gagner le front lors de quelques épisodes, c’est une confidence que je vous dois, je le sens, et qu’à votre place j’eusse provoquée ainsi que vous venez de le faire.

Une poignée de main fut échangée.