Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/39

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À ce point de vue, Angola est mieux qu’une production éphémère ; c’est un répertoire où vos faiseurs de pastiches ont puisé plus d’une fois. Le langage des ruelles y est noté comme de la musique ; c’est là qu’on entend Damis complimenter Zulmé sur sa figure, qui est à ravir, tandis que la piquante Céliane, très-lutinée, s’écrie, sur un ton d’enjouement : — Mais savez-vous bien, l’abbé, que vous êtes d’une folie qui ne ressemble à rien ! Les expressions du temps sont toutes en caractères italiques, ce qui donne au livre une physionomie singulière et le fait ressembler d’abord à un dictionnaire néologique ; mais bientôt l’action, en se déroulant, ôte aux yeux leur distraction exclusive et entraîne l’esprit dans une suite de scènes originales, dont il ne m’est pas possible de vous dire tout le bien que je pense.

Vous pariez quelquefois, monsieur, de style pailleté, de jargon à l’ambre ; vous invoquez vos feuilletonistes en maillot écaillé d’or et d’argent, vous vantez le bel air de leurs périodes, l’impertinence aisée de leurs récits. Je ne veux pas y aller voir, et je vous crois sur parole ; mais relisez Angola, et