Page:Monselet - Les Aveux d’un pamphlétaire, 1854.djvu/50

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dans le parterre. Ce soir-là, j’avais fait grand bruit chez Procope ; je m’étais déclaré ouvertement contre la pièce, contre Voltaire, et, partant, contre la Clairon, j’avais même prédit que la pièce n’irait pas au quatrième acte, et que moi, La Morlière, je ferais une fois de plus justice du mauvais goût du public. Le mot était donné à mes hommes ; savamment répandus dans la salle, et l’œil fixé sur moi, ils n’attendaient qu’un signal pour propager le tumulte.

J’étais debout entre deux individus d’une taille robuste et d’une figure patibulaire, que je ne reconnus pas pour mes voisins habituels ; néanmoins, je n’en pris aucune inquiétude. Tancrède commença ; je laissai passer les premières scènes. Vers la fin du premier acte seulement, je me mis en mesure de prodiguer les exclamations, les murmures, les haut-le-corps, les mouvements d’impatience ; mais aux premiers symptômes d’hostilité que je laissai percer, mes deux voisins se rapprochèrent tellement de moi, qu’ils faillirent m’étouffer.

— Holà ! dis-je à celui de gauche.

— Mordieu ! dis-je à celui de droite.

Ils se reculèrent un peu, et je respirai. La pièce