nonce à ses entrées, bien qu’elles lui soient chères à plus d’un titre et qu’elle n’ait pas assez d’argent pour aller au spectacle tous les jours. Dès lors, on croit le sacrifice consommé et que tout est dit littérairement pour l’infortunée Olympe de Gouges ; mais ne voilà-t-il pas le bout de l’oreille qui se remet à percer ! En deux mots, elle offre aux auteurs qui ne dédaigneront pas d’étendre leurs connaissances (de sa part la présomption est assez jolie) de leur céder quelques plans de drames. « J’ai trente sujets, dit-elle, qui ont besoin d’être touchés, même dialogués en partie. » Encore n’est-ce pas assez pour elle : il faut que de son fils, à peine âgé de quinze ans, elle essaye de faire un auteur. Aussi fécond que sa mère, le petit bonhomme compose en quatre heures un opéra-comique sur le dévouement d’une servante de Noyon, qui avait arraché à la mort trois hommes tombés dans une fosse d’aisances. Gracieux et coquet canevas pour la Comédie italienne ! Cette surprenante production, que madame de Gouges n’a pas craint de faire imprimer à la fin de son troisième volume, contient, entre autres choses inouïes, un morceau d’ensemble chanté par les trois asphyxiés, à la louange de leur libératrice :
Grand Dieu ! protège ses jours !
Que ta main la guide !
C’est ton ouvrage, c’est une divinité pour nous !