puis longtemps ; il a mis le drame dans la peinture, et moi la peinture dans le drame. Greuze, qui m’aimait, voulut me céder son logement à la galerie du Louvre, parce qu’il n’avait point de soleil ; et moi, je n’ai pas besoin de soleil pour écrire, car j’ai écrit dans les cachots. Tous les peintres ne font rien sans le soleil ; et nous, écrivains, nous faisons tout sans le soleil, même quand Louis XIV et lui ne faisaient qu’un. Greuze me reconnaissait pour son frère. Indépendamment de mes pièces de théâtre, qui sont des peintures morales, j’ai fait le plus large tableau qui soit dans le monde entier. »
À ces traits nous ajouterons que, de même qu’à Greuze, la gaieté lui a manqué presque complètement. C’est un des reproches littéraires les plus importants qui puissent lui être faits. Il n’avait pas le rire, et il ne l’aimait pas chez les autres. Il intéressait, il charmait quelquefois, mais il n’était pas joyeux. « Il n’y a que les caractères extravagants qui fassent rire, écrivait-il ; il est un sourire fin qui vaut bien mieux, et qui naît, celui-là, lorsque l’auteur est naïf, vrai, et qu’il répète l’accent de la nature. « Le rire du sage se voit et ne s’entend pas, » dit Salomon. Les sensations mixtes sont les plus agréables de toutes ; elles apportent à l’âme une sensation nouvelle et plus délicieuse. » Nous nous permettrons de n’être pas entièrement de l’avis de Mercier à ce sujet, et de placer les sensations franches, — non pas extrêmes, — tout à fait au-dessus de ce qu’il appelle les sensations mixtes, de la même façon que je place Molière au-dessus d’Andrieux, et M. de Pourceaugnac au-dessus des Étourdis.
Les quelques citations qui ont trouvé asile dans