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Page:Monselet - Les Poésies complètes, 1889.djvu/101

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IX



LE HOMARD



Le homard, compliqué comme une cathédrale,
Sur un lit de persil, monstre rouge, apparaît.
En le voyant ainsi, Janin triompherait,
Car il a revêtu la pourpre cardinale !
 
Et c’est le Borgia des mers. Il a l’attrait
Des scélérats déçus dans leur ruse infernale.
Héraut des grands festins, avec pompe il étale
Son cadavre éventré dans l’office en secret.

Jamais plus fier vaincu n’eut plus beau flanc d’albâtre !
Décoratif et noble, il gît sur son théâtre.
Jusques après la mort refusant d’abdiquer,

Il se cramponne aux doigts qui veulent l’attaquer.
Et si quelque imprudent cherche à briser sa pince :
« Prends garde ! lui dit-il, je suis encore un prince ! »