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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/197

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GÉRARD DE NERVAL

représentations dans l’Artiste, et parfois il remplaçait Théophile Gautier à la Presse. Je me souviens d’un très-joli et très-savant feuilleton, signé de lui, sur les Indiens O-jib-be-was, et dans lequel il développait le système de Joseph de Maistre, qui veut que les sauvages ne soient nullement des hommes primitifs, mais au contraire les représentants d’une civilisation dégradée et abolie. C’étaient de telles questions qui séduisaient Gérard de Nerval.

Je puis affirmer qu’il était alors parfaitement sain d’esprit, heureux de vivre et d’exercer sa profession, qu’il aimait pardessus tout. C’est à cette époque, M. de Rémusat étant au ministère, qu’il fut question de lui pour la croix d’honneur. Gérard n’y avait jamais pensé, il fut embarrassé et demanda à réfléchir ; il se dit que le ruban allait l’entraîner dans des frais de costume, l’obliger à restreindre ses pérégrinations nocturnes. Je crois aussi qu’il se regardait un peu comme républicain. L’affaire en resta là.

La Révolution de 1848 ne le surprit pas, mais elle le trouva sans argent. Au mois de juillet, Alphonse Karr fonda le Journal ; il y