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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/21

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M. DE JOUY

fois, le Voltaire du Temple du Goût et de la tragédie de Tancrède, un Voltaire fort présentable, comme vous voyez, et qui n’a jamais eu maille à partir avec les lettres de cachet, — ce qui ne l’empêcha pas d’être un enragé de modéré, lui aussi, en ce sens que nul n’est resté plus tenace dans son principe, plus ardent dans sa conviction, plus ferme dans son chemin. Je parle du Jouy littéraire. — Le Jouy politique, c’est autre chose. Une croix de Saint-Louis qu’on lui refusa le détourna brusquement de sa route. Le Jouy littéraire avait eu toutes les croix de Saint-Louis qu’il avait désirées.

Avec lui s’en sont allées les dernières traces de cette école de l’esprit sans poésie, et de la poésie sans enthousiasme. — Le beau hussard de l’Empire, qui avait été l’élégant marquis du xviiie siècle, tombe sur le champ de bataille, la poitrine froide sous son échelle de galons. Et l’on s’aperçoit en ce moment qu’il n’est point mort d’un boulet ou d’un coup de sabre, ainsi qu’on le pensait, mais tout vulgairement comme le premier phthisique venu. Il n’a pas été tué, il s’est éteint. Il s’est éteint au champ d’honneur, et sa mort