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Page:Monselet - Les Ressuscités, 1876.djvu/216

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LES RESSUSCITÉS

l’homme et de le connaître ! As-tu comparé les besoins et les défauts résultant de sa nature avec ceux qu’il doit à la civilisation et à une volonté qui n’est plus la sienne ? Tu n’as fréquenté que les palais et les cours. Peux-tu dire que tu connais l’homme, puisque tu ne l’as cherché que dans la lie du crime et de la volupté ? Tu as passé avec dédain devant la cabane de l’homme modeste… » Encore un peu, et ce diable deviendrait tout à fait un diable de l’école du bon sens, si Faust ne l’interrompait brusquement en ces termes : « Égorge-moi, et ne m’assassine pas par ton bavardage, qui tue mon cœur sans convaincre mon esprit. Vois, mes yeux sont fixes et secs. Diable, écris dans ces nuages obscurs, avec les bouillons de mon sang, la belle théodicée que tu viens de me prêcher ! »

Le dénoûment est prévu. Toutefois Léviathan permet à Faust de détacher son fils de la potence et de l’enterrer dans un champ voisin, récemment ouvert par la charrue. Ce devoir accompli, Faust revient vers lui en disant : — « Ma tristesse et mon malheur sont à leur comble ; brise le vase qui ne peut plus les contenir. »