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Page:Monselet - Petits mémoires littéraires, 1885.djvu/130

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petits mémoires littéraires

agréablement même ; beaucoup de nos reporters d’à présent ne lui seraient pas allés jusqu’à la cheville, car il savait, — un mérite qui se fait de plus en plus rare.

Deux petites plaquettes recommandent son nom aux bibliophiles : une Histoire de l’Opéra-Comique et une Histoire du Théâtre-Lyrique ; elles sont recherchées. Il faut y ajouter des monographies de Gluck, de Lulli et de Rameau, publiées dans des journaux de départements et tirées à part, à un nombre fort restreint. Émile Solié était autorisé à ces études comme fils et petit-fils d’artistes lyriques.

Sous l’Empire, il accepta de rédiger en province quelques journaux de la couleur la plus douce et de la politique la plus conciliante. Sa plume n’avait rien d’agressif. Autre chose était de l’homme. Émile Solié souffrait de sa petite taille, et ne supportait pas facilement la plaisanterie. Il redoutait Nadar comme la poudre, Nadar qui l’avait affublé de sobriquets plus irrévérencieux les uns que les autres. Cette inquiétude continuelle lui avait donné des manies, des exigences ; à table il lui fallait les meilleurs morceaux ; au théâtre il lui fallait la meilleure place. Ceux qui le connaissaient ne faisaient qu’en rire, et c’était là précisément ce qui le désolait.

À Nice, en 1873, il eut une ou deux attaques d’apoplexie. À partir de ce moment, il déclina ; il devint morose ; il ne put plus sortir. Une religieuse le soigna pendant le mois de mars. Enfin sa sœur, Madame Roger Solié, la comédienne aimée, vint le chercher et le ramena à Paris. La maison Dubois le reçut, comme elle en a reçu tant d’autres qui s’appelaient Gustave Planche, Privat d’Anglemont, Henry Murger, Auguste Supersac, Charles Barbara, etc.