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petits mémoires littéraires

tenant sous le boisseau, le Figaro a dû obéir à une intention ou à un calcul que je livre aux interprétations.

Le lendemain matin, par le plus beau temps du monde, — ciel bleu, effluves printanières, soleil radieux, — je reprenais le chemin de la villa Beaumarchais.

Cette fois, la grille était ouverte, grande ouverte. Je gagnai le perron sans rencontrer personne. Un domestique traversa l’antichambre sans tourner les yeux sur moi. Je le suivis silencieusement dans une pièce où je trouvai deux femmes en larmes : madame de Villemessant et madame Bourdin.

Un monsieur tout en noir était sur mes talons : c’était un embaumeur de Menton. M. de Rodays l’installa dans la chambre à coucher, où il procéda à sa funèbre besogne.

J’avais demandé à contempler une dernière fois les traits de M. de Villemessant ; cette triste satisfaction me fut refusée par Mme Bourdin. La mort, me dit-elle, avait opéré de trop cruels ravages sur la physionomie de son père.

Une fois embaumé et entouré d’une sorte de maçonnerie, le corps fut enfermé dans trois cercueils.

Les obsèques de M. de Villemessant eurent lieu le lendemain matin, à sept heures et demie. Le char funèbre, suivi d’un petit nombre de parents et d’amis, partit de la maison mortuaire et gravit les pentes du rocher de Monaco pour arriver à l’église de la Visitation. Sans l’heure matinale, motivée par les oflîces de Pâques, on aurait pu compter sur un plus nombreux cortège.

Cette fois encore, le beau temps avait mis son ironie sur ce tableau de deuil.