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longs cierges de cire. On trouvera peut-être que cette mort est venue bien rapidement. M. Cabaner n’a de compte à rendre à personne ; il ne relève que de son caprice.

Et nous resterons morts, ayant de chastes poses.
Afin qu’on puisse, dans les plus pudiques temps,
Raconter cette mort, même aux petits enfants…

« Oui, chers petits, leur dira-t-on dans ces temps pudiques, il y avait une fois un monsieur et une dame qui firent cette partie de plaisir de tout fermer chez eux et de se mettre au lit.

« — Et puis, ensuite, mère grand ?

» — Et puis… ils restèrent morts. »

Et les enfants songeront.

Le poète termine ainsi son sonnet :

Et nous représenter, en des apothéoses,
Couchés l’un près de l’autre et sans être enlacés,
Comme une épouse et sou doux seigneur trépassés.

On voit combien de pareils sentiments sont au-dessus des idées courantes. La raillerie ne saurait les atteindre.

M. Cabaner avait toutes les croyances et toutes les illusions. Il suffisait de l’avoir rencontré, maigre et distrait, pour ne plus oublier cette physionomie. Vivant au milieu des plus féroces et des plus spirituels sceptiques, il ne se nourrissait que de lait et portait des chemises de soie. Comme beaucoup de candides, il était affecté d’un vice de prononciation, une sorte de zézaiement.

À l’exemple du Colline de la Vie de Bohème, il avait