Page:Monselet - Petits mémoires littéraires, 1885.djvu/197

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
petits mémoires littéraires

Tel que Rome en prépare à nos dieux immortels,
Et le sang des taureaux rougira tes autels.
Mais aujourd’hui reçois avec un œil propice
La prière et le don du pieux aruspice,
Ces fruits qu’une vestale a cueillis ce matin
Dans le verger du temple, au pied de l’Aventin,
Et ce lait pur, qui vient delà haute colline
Où, la nuit, on entend une voix sibylline.
Quand le berger craintif suspend aux verts rameaux
La flûte qu’un dieu fit avec sept chalumeaux. Etc.

Qui n’y aurait été trompé ?

N’était-ce pas cette fameuse couleur antique et locale dont on faisait tant de fracas par la ville ?

N’était-ce pas cette versification pure et classique qui devait nous ramener au culte des anciens maîtres ?

La scène deuxième n’est pas moins réussie.

Brutus parait, en tunique brune, « comme un laboureur suburbain. »


BRUTUS

Que les dieux te soient doux, vieillard ! et que Cybèle
Jamais dans tes jardins n’ait un sillon rebelle !
La fatigue m’oppresse ; à l’étoile du soir
Hier, je vins à la ville.

FAUSTUS

Ici, ici tu peux t’asseoir.Ici, tu peux t’asseoir.
Modeste est ma maison, étroite est son enceinte,
Mais j’y vénère encor l’hospitalité sainte,
Et j’apaise toujours la faim de l’indigent,
Comme si mon dieu lare était d’or ou d’argent.

BRUTUS

Je le sais.

FAUSTUS

Quelle rive, étrangerQuelle rive, étranger, t’a vu naître ?