Page:Monselet - Petits mémoires littéraires, 1885.djvu/267

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XXIX

Autre académicien. — Jules Sandeau.

Lorsque Jules Sandeau fut appelé, en 1858, à la succession académique de M. Brifaut, son embarras dut être grand. Il n’avait jamais lu une ligne de M. Brifaut. Qui est-ce qui pouvait se vanter, d’ailleurs, d’avoir ouvert un volume de M. Brifaut ? C’était le plus obscur entre tous les obscurs écrivains de la période impériale. On n’était pas plus effrontément inconnu que M. Brifaut. Auprès de lui, Mollevault était un astre, Droz était une comète.

Cependant, il fallait bien que Jules Sandeau écrivît l’éloge de M. Brifaut. Il se mit résolument en quête de renseignements. On raconte qu’au moment de commencer ses fouilles, il reçut un mot de Méry ainsi conçu : « Méfiez-vous, mon cher ami, on vous tend un piège ; M. Brifaut n’a jamais existé. »

Sandeau était tenté de partager cette opinion ; mais sur des assertions positives, il reprit son travail