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petits mémoires littéraires

ne la sauve pas, dont l’autre, vaincue par elle, ne sait que la brûler vive ! »

La tâche ne sera pas mince pour celui qui voudra juger l’écrivain. Ses Œuvres choisies comportent une douzaine de volumes. Chose étrange ! Il y a là des pages pleines de mansuétude, quelque chose comme le désir de se modeler sur Fénelon, pour lequel il professait une admiration infinie, — en raison de la loi des contraires, — et dont il a réédité plusieurs ouvrages.

Mais peut-être le talent de M. Dupanloup n’est-il pas là tout entier ; peut-être faut-il le chercher encore dans le torrent de sa polémique au jour le jour. Là, en effet, il se révèle avec des qualités essentiellement personnelles, avec des éclats et des éclairs. Tout lui est motif à brochure : le pouvoir temporel des papes, la crise cotonnière, la fondation des cours laïques pour les jeunes filles, le congrès de Malines, etc. etc. Il adresse des lettres à tout le monde indistinctement : à M. de la Guéronnière, à M. Grandguillot, à M. Edgar Quinet, à M. Gambetta, etc. etc.

Ces brochures ont eu des fortunes diverses ; tantôt vainqueur, tantôt vaincu, M. Dupanloup a vu tour à tour l’opinion publique se rapprocher ou s’éloigner de lui. Tantôt, c’est un ministre qui lui adresse un blâme officiel ; tantôt, ce sont ses confrères les évêques qui le désavouent ; tantôt, c’est la cour de Rome qui l’accueille avec des réserves, la cour de Rome qu’effarouche un dévouement aussi passionné. Que voulez-vous ? On prend du feu au soleil, on ne lui en apporte pas.