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CHAPITRE V

Auber. — Emile de Girardin. — Du bonheur en politique.

Je le vois toujours, dans sa petite et fine taille, avec sa face de grenouille, impassible, mais intelligente cependant ; ses sourcils épais et gris, ses favoris arrêtés court, sa bouche comme morte ; une physionomie non sans rapport avec celle de Scribe, n’attirant ni ne repoussant la sympathie. On vous aurait dit : « Voici un homme de loi ! » Vous auriez répondu : « Je n’en suis pas surpris. »

Correctement vêtu, de ceux dont le peuple dit ; propre comme un sou.

Auber a été un des heureux de ce monde. Il n’a point connu les épreuves des commencements. Né d’un père riche et ami des artistes, il n’a eu qu’à se laisser aller à la vie facile et élégante, pour laquelle il avait d’ailleurs toutes les dispositions. Lorsque la fantaisie le prit de devenir compositeur, — car la vocation impérieuse n’a jamais existé, — il obéit doucement à cette fantaisie.