— C’est merveilleux ! s’écrie le tailleur… Mais voilà bien longtemps que vous avez la lorgnette. À mon tour !
Il est trois heures du matin.
Un fiacre essoufflé suit péniblement l’interminable boulevard Voltaire, transportant dans ses flancs Léo Lespès et son tailleur.
Nous devons à la vérité de dire que celui-ci semble considérablement vanné. Il cache sa tête dans ses mains et pousse, par intervalles, de petits soupirs dont l’expression participe à la fois du ravissement et du remords. C’est à peine si Léo Lespès peut tirer de lui quelques paroles.
— Diable de boulevard ! maugrée Lespès, il n’en finit pas… Mais, Bilderbeck, mon bon, vous demeurez au bout du monde, aux terres australes !… Est-ce bien le numéro 223 que vous avez indiqué au cocher ?
Le tailleur ne répond pas. Lespès le secoue par le bras.
— Verdurette ! soupire le tailleur.
Cependant, à mesure qu’il se rapproche de sa demeure, il parait recouvrer le sens moral.
— C’est égal, dit-il, cette soirée a dû vous coûter assez cher ?
— Trois cents francs environ, répond négligemment Léo Lespès.
— Ah ! si seulement vous m’aviez donné vingt francs ! murmura le tailleur.
— Où aurait été le charme ?…