Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/171

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naliste endiablé, l’homme du coup de griffe ; c’était bien là l’esprit parisien dans sa personnification la plus téméraire, tantôt habillant l’insolence d’un vêtement de gravité, tantôt faisant traîner à la raison toutes les fanfreluches & toutes les casseroles de la Courtille. M. Arsène Houssaye a dit vrai : Ourliac avait beaucoup de camarades & peu d’amis. La faute en était à son caractère trop exclusivement & surtout trop brillamment tourné vers la goguenardise. Il était le feu, l’entrain d’un repas d’hommes de lettres ; il en était aussi l’inquiétude. Il tirait ses pétards dans les jambes de tout le monde, ou bien, comme Musson le mystificateur, il choisissait une victime, & dès qu’il l’avait choisie il ne la lâchait plus. Il était acerbe, quoique turbulent, & certains de ses bons mots produisaient une sensation de froid, comparable à celle d’un acier entamant l’épiderme. L’étude des parades lui avait donné un goût réel pour la cruauté dans le comique ; il ne parlait qu’avec délices des coups de bâton pleuvant dru sur l’échine, des côtes fracassées, des médecines amères, de la noyade & de la pendaison ; il se plaisait à faire frissonner son auditoire avec des détails chirurgicaux. Pour tout dire enfin, son esprit n’aimait qu’à travailler sur le vif. Aussi toutes ses plaisanteries n’avaient-elles pas le même succès ; quelques--