Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/185

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compte rendu de Suzanne ; comme tout ce qui émane de la critique trop rare de Balzac, ce morceau est un modèle d’appréciation philosophique & grammaticale ; il y indique les points de ressemblance entre Suzanne & Ceci n’est pas un conte, de Diderot, tout en rendant justice à l’intérêt poignant qui domine dans Suzanne.

« M. Ourliac, dit-il, a l’entente des délicatesses de la femme. On sera content d’avoir lu un volume où l’on rencontre des scènes comme celle où Suzanne ruinée, sans asile & sans pain, trouve de l’argent pour apporter des fleurs, dans deux pots de porcelaine, à La Reynie qui les casse ; comme celle où La Reynie, par un de ces éclairs de vigueur si fréquents chez les Méridionaux, vient souper chez la cantatrice sans invitation, insulte les convives, compromet Suzanne, si chaste, si pure, & si belle jusque-là, & finit par devoir à cette lueur d’énergie qui simule l’amour, la récompense refusée à l’amour vrai de M. d’Haubertchamp. Ces deux scènes, entre autres, annoncent un vrai talent. Elles ne sont pas dans Diderot. »

Plus loin, M. de Balzac analyse le style d’Édouard Ourliac :

« À part quelques emmêlements dans le fil des idées, sa phrase est nette, vive, précise. M. Ourliac peut devenir un écrivain ; mais il n’a pas encore étudié le travail que demande la langue française, & dont les secrets sont surtout dans l’admirable