Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/199

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mots ; & cela nous étonne d’autant plus, qu’il ne laissait passer aucune occasion d’afficher ses sympathies pour les littérateurs du dix-septième siècle, pour Racine, pour La Bruyère, pour Fénelon. Ce n’était pas cependant de la sorte qu’écrivaient ces maîtres du style français : la correction, le scrupule & le perpétuel souci de l’éloquence, voilà ce qui frappe d’abord dans leurs ouvrages ; d’où vient que cela n’a pas frappé Édouard Ourliac ? Nous savons bien que, par son affectation de simplicité, il a voulu réagir contre les adorateurs exclusifs de la forme ; mais, à son tour, il a été excessif, comme la plupart des réactionnaires, & il a franchi l’espace qui sépare la simplicité de l’insouciance absolue. Quelquefois il est réellement trop bonhomme dans son style ; passe encore quand il place un récit dans la bouche d’une personne du peuple ; mais quand c’est lui-même qui raconte, il perd beaucoup de cette autorité que doit toujours garder un narrateur. Telle est pourtant la force du fait & du sentiment, que ses nouvelles, bien que dépourvues de cette fleur de littérature qui est depuis plusieurs siècles notre genre de supériorité, se lisent avec un intérêt soutenu.

Sous ce rapport, il serait possible de le considérer comme le précurseur de l’école de la réalité, qui cherche à s’imposer depuis quelque temps.