cent pages, est une des choses les plus réussies et les plus fermement écrites qui soient sorties de sa plume. — Il est à remarquer, à ce propos, que la Revue des Deux Mondes, que tant d’abonnés prosternés dans la poussière s’accoutument à regarder comme l’arche sainte du rigorisme et du cant, doit particulièrement son lustre et son succès à ces écrivains, qualifiés poliment d’excentriques par le monde, et qui se sont appelés tour à tour : Alfred de Musset, Gustave Planche, Gérard de Nerval, Henry Murger.
C’est peut-être là un fait significatif. Ces quatre talents, ces quatre personnalités, ces quatre destinées, ayant vécu et succombé dans le même milieu, ont un air de parenté qu’on ne méconnaîtra pas. Tous les quatre, obéissant à des tempéraments exceptionnels, assujettis à des nécessités intimes, et cependant avides d’indépendance, avaient peut-être droit à une place à part dans notre société, place que leur méritaient à la fois leur conscience dans le travail, leur discrétion dans la pauvreté, leur noblesse dans la souffrance. — À un talent exceptionnel ne faut-il pas un salaire exceptionnel ? — Je voudrais m’expliquer davantage, et je n’ose. Pourtant, il est utile que le public apprenne ce que coûtent les œuvres durables.
Henry Murger avait le travail très-difficile ; il