Page:Monselet - Portraits après décès, 1866.djvu/37

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force de s’y cogner, elle se rompit. La fin de Lassailly-Trialph ressemble assez à la fin d’Edouard Ourliac, cet autre secrétaire de Balzac. — Le maître aussi a rejoint ses secrétaires ! — Lassailly disparut soudainement du monde, et nul ne sut où il s’était réfugié. On s’inquiéta de lui les premiers jours, on hocha la tête, et quelques-uns proposèrent de le réclamer par la voie des journaux ; au bout d’une quinzaine on n’y pensa plus. Pendant ce temps, seul, dans une maison située à l’ombre de l’église Saint-Étienne-du-Mont, Lassailly, agenouillé et se meurtrissant la poitrine, expiait les Roueries de Trialph. La religion l’avait gagné tout entier, ou plutôt la religion l’avait reconquis, — car il avait été autrefois un pieux enfant, soumis à sa mère et à Dieu.

Même histoire pour Ourliac.

Partis tous les deux du même point, tous les deux devaient y revenir, à quelques années de distance seulement. Mais entre le départ et le retour, quelle parabole excessive n’ont-ils pas décrite l’un et l’autre ! Quel voyage extravagant dans les terres australes de la littérature, à travers la révolution de Juillet, le Figaro, les premières représentations du drame moderne, Renduel et Ladvocat, les délires byroniens, le saint-simonisme, les gravures foncées de Tony Johannot,