Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/102

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XI

Jacques Garaud, dont la condamnation de Jeanne pour le crime qu’il avait commis rendait plus complète encore la sécurité, s’était embarqué à Londres sur le Lord-Maire, un paquebot des Messageries en partance pour New York. Paul Harmant, puisque c’est ainsi que nous désignerons désormais l’ex-contremaître, arrivé l’un des premiers, accoudé au bastingage, regardait avec curiosité tout ce qui l’entourait.

Parmi les derniers passagers arrivés se trouvait un homme de cinquante ans appartenant évidemment à la classe riche, et accompagné d’une charmante jeune fille de dix-huit ans. À côté d’eux se voyait un grand garçon de vingt-huit ans environ.

Ce grand garçon offrait le type si facile à reconnaître de l’ouvrier intelligent, mais loustic et bambocheur. Il parlait d’une voix grasseyante :

« Excusez ! fit-il en mettant le pied sur le pont. C’est frotté ici que c’en est comme du vrai verglas… Oh ! malheur ! ».

L’homme de cinquante ans lui dit, avec un accent anglais très prononcé :

« Votre passage et votre nourriture sont payés ; je vous ai en outre remis une somme de deux cents francs ; je n’aurai donc point à communiquer avec vous pendant