Aller au contenu

Page:Montépin - La Porteuse de pain, 1973.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Le visage de Jacques se détendit.

« Ah ! fit-il en poussant un soupir d’allégement, voilà une bonne parole ! J’en avais grand besoin. Merci ! »

Jeanne avait frappé. La porte s’ouvrit. La jeune veuve franchit le seuil avec son fils. Jacques vint ensuite et referma la porte derrière lui. Une femme sortit de la loge et dit :

« Vous voilà de retour, je retourne à l’atelier.

– Allez, Victoire, et merci de votre complaisance. »

Jeanne ouvrit la porte d’une resserre voisine, et sur une des tablettes qui s’y trouvaient plaça son bidon en disant :

« Le gamin ne pourra pas le renverser en s’amusant.

– Prenez bien garde au feu ! fit observer Jacques, les bâtiments sont légers. Partout des cloisons en voliges. Il suffirait d’une étincelle pour que ça flambe.

– N’ayez crainte, monsieur Garaud », répéta Jeanne. Jacques lui tendit la main et, comme elle semblait hésiter à la prendre, il balbutia :

« Est-ce que vous m’en voulez ?

– Non certainement ; mais je vous en prie…

– Oh ! je ne vous dirai plus rien de ce qu’il vous déplaît d’entendre, reprit-il ; seulement n’oubliez point que vous m’avez donné une parole d’espoir. L’espérance me rendra fort ! Un jour je viendrai vous dire : « Ce n’est plus seulement ma tendresse que je vous apporte : c’est encore la fortune pour vous… pour vos enfants… » Ce jour-là, consentirez-vous à vous appeler madame Garaud ?

– Pour mes enfants peut-être, balbutia Jeanne avec émotion.

– Je n’en demande pas plus, je suis content, donnez-moi la main.

– La voici. »

Jacques serra cette main dans la sienne et s’éloigna.