– Vous portez là, monsieur, une grave accusation contre les employés de la mairie !… C’est vous seul qui êtes chargé de délivrer les copies des procès-verbaux lorsqu’on les réclame ?
– Oui, monsieur. On peut en faire la demande au bureau, mais cette demande m’est transmise. »
Étienne Castel prit la parole.
« Il y a un mois environ que cette pièce est sortie d’ici.
– Duchemin était encore à son poste, dit le secrétaire, et c’est précisément à cette époque qu’il a payé ses dettes, à la suite de la rencontre d’un étranger.
– Je le crois capable de fort vilaines choses, dit le maire… Savez-vous comment se nommait l’étranger ?
– À l’hôtel, il se faisait appeler le baron de Reiss.
– Envoyez chercher le concierge de la mairie. »
Le concierge se présenta presque aussitôt.
« Binet, lui dit l’officier de l’état civil, c’est à vous qu’est confiée la clef des archives ?
– Oui, monsieur le maire.
– Vous souvenez-vous si l’employé Duchemin vous l’a demandée peu de temps avant son départ ?
– Parfaitement. Il me l’a demandée voici environ un mois. C’était un matin : il arriva à la mairie une heure plus tôt que de coutume. Il m’a dit qu’il avait des recherches à faire…
– Et il est resté longtemps possesseur de la clef ?
– Une demi-heure environ.
– Vous pouvez vous retirer, Binet.
– Quel était ce Duchemin, monsieur ? fit Étienne Castel.
– Un jeune employé fort intelligent, mais peu délicat. Certains faits graves, articulés contre lui, n’ont pas permis de le conserver à la mairie ; il est parti pour Paris, il y a une douzaine de jours, et cela ne lui a point porté bonheur, il se trouvait dans le train qui a été tamponné à Bois-le-Roi.
– Mort ! s’écria Étienne Castel.
– Blessé fort grièvement, dit le secrétaire.
– Je ne puis, vous le voyez, monsieur, vous donner